Rhea

(
1988
)
Grand ensemble de saxophones (12)

Cette pièce pour douze saxophones dévoile sans détour l’univers musical, d’une grande complexité rythmique, de Francisco Guerrero. Le début de Rhea éclaire parfaitement la subdivision métrique selon les techniques fractales, dont l’apport en musique fut largement développé par Guerrero. Interprétant ainsi une série de glissandos ascendants, tous les instruments suivent la même trajectoire dans laquelle les sonorités se fondent en un tout compact et indissoluble. Cependant, les notes sont attaquées avec un déphasage millimétrique, ce qui entretient une pulsion extraordinaire qui anime cette masse sonore de l’intérieur.

Le compositeur espagnol sait exploiter au maximum l’ambigüité propre au timbre velouté des saxophones. Les sons multiphoniques, les trilles violents, les notes répétées, les fortissimi continus, donnent une impression de sauvagerie frénétique. Mais il su t que le rythme décroisse un instant, que les glissandos s’adoucissent, pour retrouver dans les sonorités une nuance de sensualité languissante, immédiatement emportée par le flux impétueux qui renaît.

Cette œuvre a été créée à la Biennale Madrid-Bordeaux, en 1988, par l’Ensemble international de saxophones, sous la direction de Jean-Marie Londeix.