Demain les étoiles
(Commandée en 1981 par Jean-Marie Londeix pour l’Ensemble international de saxophones de Bordeaux, grâce à une subvention du Conseil des arts du Canada, la pièce Demain les étoiles utilise tous les instruments de la famille du saxophone (sopranino, soprano, alto, ténor, baryton, basse) regroupés en trois formations de quatuor. Composée spécialement pour être jouée dans l’église romane de Fronsac (près de Libourne) où elle fut créée en mars 1982 cette oeuvre propose un trajet à travers les neuf planètes principales du système solaire (Mercure, Vénus, Terre, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton) qui nous mènera aux confins du système solaire, donc aux étoiles, d’où le titre, bien sûr.
Deux grands principes fondamentaux vont continuellement s’affronter pendant toute la durée du discours: synchronicité/a-synchronicité, ainsi que toute une série d’étapes intermédiaires entre ces deux pôles, créant par le fait même des frottements qui sont l’origine des multiples tensions-détentes, présentes tout au long de l’oeuvre. Inspirée essentiellement par l’idée d’imitation, source quintessentielle de tout contrepoint, cette musique simule en quelque sorte, les rapports simples du spectre harmonique tout en variant continuellement ses composantses. Il n’y a donc qu’une seule musique, une seule voix qui se fractionne, se cherche, s’interpelle, se renvoie à elle-même, se contredit ou s’harmonise, selon le cas.
Contrairement à ce que Baudelaire écrivait dans l’Invitation au voyage à propos d’un lieu imaginaire et idéal où tout ne serait que " luxe, calme et volupté ", la musique de Demain les étoiles explore le son dans un état que je qualifierais de " brut ", en hommage à cet architecture romane où l’on sent que l’esprit humain veut transcender, par le travail de la pierre, sa condition terrestre et accéder à l’infini.