À huit

(
2001
)
Compositeur: André Hamel
Minutage:
19:28
pour huit saxophones (SSAATTBB)

D’abord une idée. Utiliser très largement les sons multiples (technique par laquelle un instrument monodique peut émettre plus d’une note). Mais aussi, utiliser ces sons d’une façon structurelle. Émanciper la technique de l’usage courant qu’on en fait. Aller au-delà de l’effet sporadique, de l’ajout. Intégrer organiquement les multiphoniques au langage. En conditionner ce dernier.

Mais comment y arriver ? Et surtout, comment travailler. En tant normal, le compositeur de musique instrumentale a à sa disposition une matière sonore connue dont les combinaisons sont relativement prévisibles. Il est loisible, par exemple, d’imaginer le résultat de la superposition en sixte d’une clarinette et d’une flûte jouant dans un registre donné. Avec un peu d’expérience, on peut avoir une très bonne idée de la sonorité qui sera ainsi obtenue.

Mais il en allait tout autrement ici. En effet, comment imaginer à l’avance le résultat produit par la superposition de sons aussi complexes ? Et qui plus est, lorsqu’on en superpose cinq, six, voire huit ? Il me fallait faire autrement. Il me fallait trouver une façon de composer qui soit en lien direct avec la matière sonore. Un peu à la manière des électroacousticiens, mes choix se devaient d’être déterminés non pas par une espèce de prospective préalable à la réalité sonore, mais plutôt par la matière sonore elle-même.

Pour ce faire, j’ai demandé à chacun des membres de Quasar d’identifier une vingtaine de sons multiples, autant que possible variés, et avec lesquels ils étaient à l’aise. J’ai enregistré ces sons et les ai par la suite échantillonnés de manière à pouvoir les reproduire directement à partir de la partition réalisée à l’ordinateur. Mais contrairement aux électroacousticiens, le résultat ainsi obtenu ne devenait pas le résultat final. Ce fut pour moi un outil de travail et À huit reste, en ce sens, une œuvre instrumentale.

Là ne s’arrêtent pas cependant les références à la musique électroacoustique (plus spécifiquement à l’acousmatique). De ça vous pourrez juger par vous-même.

À huit a fait l’objet d’une commande du Théâtre La Chapelle à l’initiative de Quasar. Elle y fut créée le 26 avril 2001 dans le cadre d’un concert coproduit par la SMCQ. L’écriture de l’œuvre a bénéficié de l’aide financière du Conseil des Arts du Canada.

André Hamel