Aftermath
(Jesper Nordin a déjà décrit ainsi sa musique: « C’est comme si vous jouiez un air traditionnel folklorique suédois dans une immense cathédrale, puis que vous en effaciez la mélodie. » Ce sont sur les résonances, les résidus, les vestiges des choses que le compositeur concentre son attention. Dans Aftermath pour quatuor de saxophones et électronique en direct, la base du matiériau n’est pas uniquement les douces mélodies, mais aussi ces grandes éruptions provenant de la puissante masse sonore de quatre saxophones. Pour obtenir des résonances, les saxophonistes ont joué dans la caisse d’un piano à queue; on a enregistré ces résonances afin de les utiliser comme matière première pour la production des sons électroniques. Afin de varier le son, on a placé sur les cordes du piano des baguettes de tambour qu’on a laissé vibrer et s’entrechoquer librement, ce qui a provoqué une sorte de « distorsion acoustique ».
Plutôt que de l’écrire en notation traditionnelle, Jesper Nordin a composé une grande part de la musique avec une nouvelle technique de « dessin musical » qu’il a élaborée lui-même : « J’ai programmé un environnement où je peux déterminer un cadre rythmique et harmonique. Puis, au moyen d’un stylo et d’une planche à dessin numériques connectés à mon ordinateur, je peux jouer librement à l’intérieur de ce cadre, explique-t-il. Pour moi qui ai toujours recherché une forme de “liberté contrôlée” où je pourrais improviser de diverses façons, voilà l’ultime outil qui me permet d’avoir toujours une maîtrise exacte de l’harmonie, de la microtonalité et de la direction. »
Écrite à l’intention de Quasar, Aftermath est une commande de la Radio Suédoise. L’œuvre est publiée par les éditions Peters, à Frankfort (Allemagne).